François PRAT 01/02/2016

 

5 questions au phénomène François “Fanfan” Prat qui a marqué de son empreinte notre Club et l’Histoire de la Pelote…

 

1/ Comment es-tu venu à la pelote ?

Mon grand-père maternel aimait beaucoup la pelote; il avait d’ailleurs offert un gant à Pierrot Perret, indépendant à chistera joko garbi. Il m’en a offert un à moi aussi, en 1967. Ce qui a facilité ma venue à l’Aviron c’est que ma grand-mère maternelle habitait dans le même immeuble que Michel Etchepare, alors jeune joueur et futur champion de chistera joko garbi à l’Aviron.

Pendant 2-3 ans, au début, les dimanches après-midi, mes parents me laissaient seul au fronton Saint Léon avec un sandwich pendant qu’ils allaient à la plage, que je détestais alors ; j’avais 4 heures devant moi pour jouer tout seul.

En 1969, je disputais mon premier championnat poussin avec Saint-Jean et Bidart. Je n’ai pu disputer la finale car j’étais parti en vacances en Savoie chez ma famille paternelle ! (ils avaient gagné !)

 

2/ Et les titres se sont enchaînés ….

Oui, à chistera joko garbi et rebot d’abord. J’étais tout le temps motivé, bien déterminé à gagner, de ne jamais rien lâcher, entraînements ou parties. C’est ainsi que l’on se forge un mental et un physique prêts à aborder la compétition. Cela a guidé toute ma vie sportive.

J’ai gagné les titres de Champion de France dans toutes les catégories de jeunes dans les deux spécialités : chistera joko garbi : poussins, benjamins, minimes, cadets, juniors ; rebot : cadets et juniors.

Chez les séniors, je gagne les titres place libre en 1978,79,80,83,88 à joko garbi et 1983,84,85,87,88 à rebot. Je me souviens avoir perdu deux des trois premières finales disputées par l’Aviron à rebot en 1979 et 81. En 80, j’étais spécialisé de force (règlement) à pala corta. En 1981, la finale se déroulait pendant les Fêtes de Bayonne donc nous avions décidé de nous “mettre au vert” : nous avions dormi trois parmi les cinq (Paluat, Ducassou et moi) dans la maison familiale des Paluat idéalement située devant le fronton de Baigorry, lieu de la finale. Je m’étais levé tôt vers 6 heures, et il pleuvait …. Cela avait séché par la suite, mais ce contretemps m’avait tellement énervé que je n’avais pas touché une seule pelote durant la partie ! Par la suite, Michel Etcheverry, qui avait remplacé Gilbert Ducassou dans l’équipe ( parti en coopération pour son service militaire), avait proposé que les mises au vert se feraient chez lui avec un bon repas les veilles de finales.

En 1975, je gagne 4 titres: cadets, juniors, séniors (avec Michel Duhalde et « Chiquito » Pétrissans en sénior) à chistera joko garbi et la Coupe de France rebot cadets.

En 1983, c’est le Grand Chelem du petit gant sénior: titres remportés en mur-à-gauche (avec Philippe Crabé), place libre (avec Crabé et Gassuan; je jouais à l’arrière), rebot et tournoi international Enrique Abril de rebot.

Je me suis confronté aux indépendants grâce à la Coupe Open joko garbi : nous la gagnons deux fois avec mes partenaires Loulou Escapil et Pierrot Perret.

1974 : au mur-à-gauche au tournoi Belcenia (l’ancien Belcenia, avant sa rénovation, avec 40 mètres de long) à Hendaye, nous battons avec Pampi Hiriart, l’équipe Saint Martin et François Unhassobiscay, alors que je suis encore cadet 1ère année.

En 1978, je découvre la paleta cuir jouée à très haut niveau lors du Mondial Bayonne / Biarritz. Je suis impressionné et enthousiasmé par la vitesse de pelote de cette spécialité, pratiquée par les magiciens que sont les Uruguayens Bernal et Iroldi, et les Argentins Sether et Bizzozero . C’est décidé, je jouerai aussi à paleta cuir trinquet ! Mais il n’empêche, je continue à penser qu’en raison de sa gestuelle et de sa vitesse de pelote, c’est le xare qui est le plus beau jeu de trinquet.

 

3/ Tu as pratiqué beaucoup de spécialités et à “forte dose” …

Je jouais souvent. Je me rappelle de la période 16-18 ans où nous jouions pieds nus dans le petit coin au fond du mur-à-gauche de Jean Dauger des parties acharnées de pala ancha en 11 points (la partie pouvait durer une heure ! ), avec balle de tennis pelée, des après-midis entiers, avec Bolajuzon, Martinez, Lasarte…. ou en trinquet lorsqu’il pleuvait.

Je jouais en moyenne 4 parties dans le week-end : dans l’année, je disputais les Championnats de Ligue et de France de chistera joko garbi et rebot, paleta cuir trinquet et mur-à-gauche, pala corta, pala ancha (avec Jean-Michel Hourdillé). A partir de 1977, je ne pouvais plus m’entraîner en semaine sur les canchas : études à Bordeaux puis Paris, puis travail à Ogeu (1984) et Bordes (1993). Je m’entraînais néanmoins physiquement en jouant au rugby en universitaire à Bordeaux et ensuite à Paris avec mon école, puis plus tard en pratiquant footing, musculation, squash (je lestais mes chevilles de poids pour rendre le travail plus dur).

Je me souviens avoir perdu une finale trinquet pala-ancha tête-à-tête contre Francis Dibarrart lors d’une Coupe tête à tête organisé par la Fédération. J’ai aussi perdu des demi-finales à xare (je jouais avec Jean-Bernard Etcheto) contre les invincibles Lasarte et Garbisu. Il y a même eu une Coupe de France de xare mur-à-gauche organisée à Salies qu’on a perdu en finale contre les mêmes.

Je disputais aussi le Lau kirol organisé au trinquet Anderenia (xare, paleta cuir, pala ancha, main nue) avec une défaite en finale contre Inaki Arossagaray alors que je menais après les 3 spécialités d’instrument avant la fatidique partie de main nue .

En résumé, j’ai gagné des titres de champions de France dans 6 spécialités différentes (rebot, joko place libre et mur-à-gauche, paleta cuir trinquet et mur-à-gauche, pala corta). En tout, cela fait autour de 25 titres séniors de Champion de France.

J’aime bien changer, j’ai horreur de la routine; c’est pareil dans mon métier d’ingénieur. (NDLR : François Prat est diplômé ingénieur de la Grande Ecole des Arts et Métiers Paris). Je suis guidé par l’amour des jeux de balle. Dernièrement, je me suis mis au golf plus pour partager de bons moments entre amis, que par esprit de compétition.

J’ai renoncé à me spécialiser, à passer indépendant à chistera joko garbi, pour pouvoir aussi disputer les Championnats du monde amateur. J’avais eu aussi la possibilité de tenter l’expérience à cesta punta : j’avais été contacté par le président du BAC, Fernand Pujol en 1977, mais j’y ai renoncé pour privilégier mes études.

 

4/ Ton parcours sportif te conduit à disputer des rencontres internationales…

Cela commence en 1979 avec un Mundialito en Argentine à paleta cuir mur-à-gauche, puis au Mexique en 80.

En 1982, je dispute mes premiers Championnats du Monde à Mexico à paleta cuir trinquet (avec Hourdillé, Gallardon et Sallaberry). Suivront Vitoria en 1986 avec une sélection composée exclusivement de Bayonnais (Jean-Marc Bonnet, Claude Cellan et Jean-Marc Pétrissans) et une médaille d’argent à la clé à paleta cuir mur-à-gauche, comme à Cuba en 1990 mais cette fois-ci à pala corta (avec Aguerre, Galanena et Carral).

En 1992, je participe aux Jeux Olympiques en sports de démonstration, moment extraordinaire de pouvoir côtoyer les meilleurs athlètes de la planète (j’ai une photo avec Leroy Burell et Karl Lewis).

J’arrête la compétition en 1994.

 

5/ Tu as aussi fait de belles rencontres humaines à travers le sport…

J’ai eu le privilège de rencontrer beaucoup de personnes au cours de ma carrière sportive. Certaines m’ont particulièrement marqué.

A l’Aviron, Michel Duhalde, grand arrière de chistera joko garbi mais aussi un seigneur avec des ” valeurs” ; Henri Duhau entraîneur au Club et en sélection à paleta cuir trinquet, très humain, très convivial, avec lequel j’ai partagé de très bons moments dans et hors cancha ; il y a aussi Monsieur Gavel, l’entraîneur le plus titré de l’histoire de la pelote, très humain; j’ai été marqué aussi par le Président Louis Etcheto qui nous amenait avec sa vieille 404 disputer les parties et nous racontait durant le trajet l’histoire de la pelote. Des trajets qui pouvaient être longs puisqu’on prenait les petites routes…. (j’ai souvenir d’un trajet de plus d’une heure trente pour aller à Saint Palais). Sans oublier le président Max Duguet qui a aussi beaucoup donné pour l’Aviron.

A l’international, les frères Iniestra (Roberto et Fernando) joueurs de frontenis et de pala (cuir et corta) m’ont marqué, par leur combativité et bien sur le Mexicain Jose Musi, l’Argentin Ricardo Bizzozero, et les Espagnols Oscar Insausti et Ricardo Garrido plus particulièrement pour leur classe.