Alain BETBEDER 01/10/2016

Quinela avec Alain BETBEDER, 55 ans, joueur invétéré de pala ancha, actuel Président de AB PELOTE BASQUE

 

1/ La pala ancha : un héritage familial …

Mon père jouait beaucoup à pala ancha . Originaire de Labastide Clairence, il jouait au trinquet de l’Aviron à partir des années 60. Nous habitions Bayonne, rue d’Espagne, à coté de la Cathédrale. Ma mère m’amenait le samedi à 18h au trinquet de l’Aviron voir jouer mon père. Durant les années 70 et le début des années 80, c’était un rendez vous incontournable. Beaucoup de monde assistait à ces parties, cela jouait bien et cela chambrait beaucoup, c’était presque du théâtre. A cette époque, Henri Grenet, le Maire de Bayonne, jouait également dans ce créneau horaire. Excellent joueur de tennis, classé, Henri GRENET occupait le poste d’avant, avec son revers à une main. Je me rappelle qu’il était très râleur, et peu de joueurs jouaient avec lui. Mais mon père, qui avait bon caractère, même s’il était un avant également, faisait équipe avec lui de temps en temps. Il y avait une sacrée équipe de copains : Thomas (qui boitait d’une jambe), Bidache (encore pilier des Pieds mouillés, supporters de l’ab rugby), Pince , Duhalde , Lange, Bolajuzon ……

Ensuite on montait boire un coup à l’Aviron chez Roberte et Xavier qui tiennent désormais le restaurant XALA rue Port Neuf.

Je suivais mon père également sur les tournois qui commençaient à se développer : Blancpignon (Orok Bat), ancien trinquet Saint Martin à Biarritz (famille Dublanc), le rail Bayonnais (il fallait chercher les pelotes dans l’herbe derrière le fronton). Mon père était un bon avant 2ème série, bataillant parfois à l’étage au dessus avec Freddy Meilhan , Oyanberry, les frères Labourdique…..

Tout naturellement, j’ai commencé à jouer à partir de 8-9 ans mais curieusement, jamais dans un club. Avec un copain d’enfance Patrick SABAROTS qui habitait rue Poissonnerie à Bayonne, nous allions jouer à la pelote au mur à gauche à Saint Léon, qu’on appelle maintenant fronton mur à gauche du stade Jean DAUGER . On jouait beaucoup à l’arrière du mur à gauche, au petit coin. On y faisait des parties interminables, avec la balle de tennis et beaucoup de joueurs. Je me rappelle que le niveau était élevé, car les joueurs de joko de l’Aviron de l’époque y jouaient également. J’y ai joué contre Fanfan PRAT par exemple, et surtout contre Michel MARTINEZ que je retrouverai quelques 40 ans plus tard au sein de notre club. Il nous arrivait aussi avec Patrick d’escalader le grillage des tennis des remparts et d’aller avec nos palas jouer sur un court.

Et on terminait par des parties en 100 points au trinquet de l’aviron.

A partir de 15 ou 16 ans, je jouais régulièrement le samedi soir au trinquet de l’Aviron, après mon père vers 20h30, un bon groupe de copains dans lequel on retrouvait Franck BETACHET, Président du club bayonnais BETISOAK, Yves UGALDE adjoint au Maire de Bayonne et quelques autres.

J’ai commencé à jouer en tournoi pala avec Franck BETACHET au début des années 80. Nous avons débuté chez lui à Bassussarry. Nous avons fait le tournoi des 4 villages, tournoi fronton organisé par Roland DUFOURG actuel Secrétaire général de la FFPB. Nous avons même gagné ce tournoi en 1982.

Pendant quelques années j’ai également intégré un groupe de pelote le mercredi soir au trinquet du golf avec notamment Peyo MERLE, père de Pantxo MERLE avec qui je jouerai plus tard), LUCUGARAY ancien fabriquant de pelotes rue d’Espagne en face de chez moi, et Gillen SALDUMBIDE, ancien Président emblématique d’HARDOYTARRAK. Ensuite , la vie professionnelle m’a mené à Paris fin 1984.

 

 

 

2/ Paris et pelote sont-ils compatibles ?

Oui, heureusement. Je garde un beau souvenir de mes années de pelote à Paris.

J’y suis resté de 1984 à 1995. Pour y jouer, il fallait être licencié. C’est donc à Paris que j’y ai pris ma première licence . D’abord à Chatillon, un fronton proche du terrain de l’équipe de rugby à 13 dont les joueurs passaient régulièrement sur le fronton en terre battue avec leurs crampons pour tout massacrer. Mais on était content de pouvoir jouer. Puis, à la suite d’un tournoi, je suis allé à LEVALLOIS. Très bon club où j’y ai rencontré Mattin PARTARRIEU (il dessine les affiches de la LPPB, et a fait des trophées), artiste peintre de talent et superbe équipier, beaucoup de souletins Maurice ESCANDE, famille ETCHEGOYEN, famille GETTE, famille ACHIGAR (3 bedots d’églises dont celle de Neuilly). Mattin PARTARRIEU m’a fait jouer à baline au trinquet LA CAVALERIE à Paris 15ème, au dernier étage d’un immeuble ! Surréaliste ! A cette époque, la municipalité de LEVALLOIS (et son maire Patrick BALKANY) devait détruire notre fronton pour faire des immeubles et nous avait proposé de faire un mur à gauche sur l’île de la Jatte. Projet bien sûr jamais concrétisé.

Avant la construction du trinquet en bord de Seine en 1988, je faisais les Championnats fronton pala et même paleta cuir .

Puis, il y a eu l’inauguration du trinquet de Paris, pas loin de la tour TF1 . Très vite avec les Souletins, nous nous sommes organisés pour pouvoir y jouer régulièrement et nous avons récupéré le jeudi 19h-21h.Pendant 8 ans, je m’y suis régalé. J’y ai croisé des joueurs que j’ai retrouvé plus tard de retour au Pays Basque : Jean Louis BERCETCHE d’Urrugne, l’actuel Maire du Boucau Francis GONZALEZ, J.M. BIDEGAINBERRY qui chante maintenant avec Jean LISSAR notre licencié, dans la superbe chorale AIZKOA, l’ancien DTN Jacques PLA et bien d’autres .

Une anecdote : année 1989-1990, on arrive un jeudi soir pour jouer et on regarde se terminer la partie juste avant avec José VILLAMOR, ténor vedette de l’époque. Nous montons nous changer avec les Souletins et dans le vestiaire nous poussons quelques vocalises. On redescend, on salue ceux qui sortent et clin d’oeil de José VILLAMOR ; dès qu’il est arrivé dans les vestiaires, il nous a montré ce qu’était un ténor ! Impressionnant !!!Et pourtant, nous avions des voix nous aussi .

A cette époque du trinquet de Paris, je jouais pour l’ASPTT ; et je participais au Championnat de France corporatif : on « descendait au pays » en train jouer les parties : c’étaient de grands moments.

 

3/ Et puis, le retour à Bayonne…

Oui, grand bonheur, après 11 ans à Paris, j’obtiens ma mutation professionnelle le 18 septembre 1995.

Mon copain d’enfance, Patrick SABAROTS, muté depuis quelques mois à Bayonne, est licencié à la Nautique. Je mute donc à la Nautique de Momo VASSEUR et du maître des lieux du trinquet Saint André, Frédo TEILLERY. J’ ai 34 ans, et là, je m’offre une orgie de pelote. Avec Patrick, surnommé RAPATOS, nous enchaînons les tournois pendant quelques années ; nous sommes montés à 14 tournois dans la saison ! ; on pouvait avoir 2 parties de tournoi dans la soirée. On a gagné des tournois en 2ème série, Labastide Clairence, Espelette, Louhossoa. On a aussi joué en Championnat. Le top niveau des anecdotes : on joue en Championnat à Espelette chez DOSPI : on joue contre BEGUIOS. Aux vestiaires, après la partie, DOSPI est avec nous ainsi que l’entraîneur de Beguios qui s’approche de mon coéquipier et qui lui dit : « j’ai connu il y a longtemps un SABAROTS, il était mort, c’est pas toi ? ». Et là, au moment où il disait ce mot d’auteur, il se rendait compte de ce qu’il avait dit. On se regarde avec Patrick et Dospi, et là oui, on a pleuré de rire, toute la soirée au bar.

Suite à des problèmes de santé, RAPATOS a arrêté de jouer. J’ai continué avec Pancho MERLE avec qui on a gagné LOUHOSSOA et BARDOS ; puis avec Jérôme LASSERRE pour être finaliste à Blancpignon et vainqueur cette année du tournoi de l’Aviron. Quand on me demande quelle est ma principale qualité à la pelote, j’ai coutume de répondre : mon épouse… car sans son accord, jamais je n’aurais pu me régaler autant.

 

4/ Comment es-tu arrivé à l’Aviron ?

Revenu sur Bayonne en 1995, c’est par mon fils Guillaume, que je me suis retrouvé à l’Aviron. Il a toujours fait beaucoup de sport, judo, rugby, et il venait me voir jouer. Et donc, il voulait jouer à la pelote. Il a commencé à joko à l’aviron à 6 ans, avec François UNHASSOBISCAY et Beñat SEDES en 1997. A 7 ans il a commencé à jouer en compétition et bien sûr je le suivais. Raymond GAVEL s’occupait de l’organisation des parties avec ses fameux petits papiers qu’il donnait aux responsables d’équipes. Comme Guillaume progressait et commençait à avoir des résultats, il jouait donc de plus en plus et Raymond GAVEL m’a demandé d’organiser les parties avec lui. J’allais donc aux réunions du mardi à l’Aviron. Et travaillant dans une banque, on m’a demandé si je voulais être trésorier. J’ai donc muté et quitté la Nautique pour intégrer l’Aviron fin 2001. En 2002 je suis devenu trésorier du club jusqu’en septembre 2014. Puis suite à la disparition tragique de René CORNU début août 2014, disparition qui nous a tous marqués profondément, je suis devenu Président du club en septembre 2014.

Lors de ces 13 années à travailler au quotidien avec René, je retiendrais en 2004 l’organisation de la journée des finales des  jeunes pendant la Grande Semaine  : les finales de main nue, joko et grand gant s’étaient parfaitement déroulées toute la journée sur les 2 frontons sous l’oeil alerte de Louis ETCHETO que René avait été cherché chez lui.

Puis bien sûr l’indisponibilité du fronton pendant 5 ans, de 2005 à 2009, avec la tribune qui bougeait et qui nécessitait d’énormes pieux de soutien qui massacraient la cancha. Cette époque a vu un nombre record de joueurs quitter le club, surtout des seniors. Il a fallu trouver des solutions, pas toujours simples, pour les entraînements puisque nous n’avions plus de fronton. Mais, c’est bien connu, à la pelote, on rebondit. C’est ce que nous avons fait.

 

5/ Comment vis-tu ton rôle de Président de club ?

Un peu comme celui d’un chef d’orchestre. Je crois beaucoup à l’équipe, au groupe. On ne peut pas s’occuper de tout car on a chacun une famille, une vie professionnelle, et pour ma part une vie sportive. Je suis un Président de club qui continue à jouer à la pelote, à faire des tournois. Par moment, je me dis que je préfère jouer que gérer. Mais compte-tenu de l’excellente équipe qui est avec moi, l’envie de faire revient vite. Comme le dit notre trésorier Jean Louis FONTAN, il faut qu’on en fasse chacun moins, mais qu’on soit plus nombreux à le faire : c’est ce vers quoi nous devons aller.

Et l’envie de faire des choses est intacte. Pour parler de notre actualité au club, on va continuer à moderniser le trinquet de l’Aviron avec un beau projet ,on va développer le sport handicap et le sport santé, et également continuer de mettre en place la route de la pelote basque conjointement avec la Ville de Bayonne et la FFPB .