5 questions à Roland Dufourg, joueur, éducateur, juge-arbitre, dirigeant à l’Aviron Bayonnais et dans les instances fédérales.
1/ Comment avez-vous débuté à la pelote et quelles spécialités pratiquiez-vous ?
Durant mon adolescence, je jouais au football à Cambo où nous fumes champions de France des patronages.
Je suis arrivé à l’Aviron il y a 54 ans en intégrant la section athlétisme. Puis, en juniors, en 1964, je suis passé au rugby. J’ai obtenu le titre de meilleur jeune rugbyman Landes Côte Basque et j’ai fini 4ème à la finale nationale disputée à Toulouse. J’ai pratiqué de nombreuses années au sein des équipes seniors de l’Aviron, principalement au poste d’arrière, avant d’arrêter en 1977.
Il n’y avait pas de fronton praticable dans mon village à Bassussarry. De ce fait, c’est plus tardivement que j’ai commencé la pelote basque : à l’occasion de promesses électorales réalisées, le fronton a été refait et un tournoi de pala ancha place libre fut organisé; nous participâmes mon frère Christian et moi. C’était en 1972.
Je jouais à pala ancha et en 1974, j’ai débuté la grosse pala en place libre (pala de 800gr, de dimensions 50×10), que je pratiquais au printemps et l’été. L’hiver, je pratiquais la pala corta en mur-à-gauche. Toujours à l’Aviron, bien entendu.
C’est à grosse pala que j’ai eu le plus de réussite. J’y ai joué pendant 27 ans, jusqu’à un dernier titre de Champion de France Nationale B remporté avec Jean-Marc Bonnet en 2000.
J’ai perdu ma première finale en 1979 avec Michel Laborde, alors que je jouais blessé (déchirure du biceps).En Nationale A, j’ai été plusieurs fois champion de France avec différents partenaires: Michel Laborde (1980 et 1981), Armand Cordobés (1983). Avec Jean-Marc Bonnet j’ai perdu une finale en 1985, puis gagné avec Philippe Bonafi en 1990. Je me souviens d’une finale en 1983 où, avec Armand Cordobés nous perdions 02 / 22 … J’avais risqué le but tendu qui nous avait permis d’enclencher une remontée fulgurante puisque nous l’avions emporté par 40 à 26 ! Le règlement fédéral avait changé par la suite, en reculant la ligne de falta du but de 15 m à 20 m afin de limiter les points sur l’engagement.
A pala corta, j’ai été sélectionné pour disputer les Championnats du monde à Mexico en 1982.
En 1984, j’entraînais la sélection française espoir à paleta pelote de cuir en fronton mur à gauche lors des premiers Championnats du monde des moins de 22 ans en Uruguay (Maldonado). J’ai été Champion de France avec Jean-Marc Bonnet en 1987 dans cette discipline.
2/ Une longue carrière de dirigeant…
Oui, elle a commencé jeune, au club, alors que je jouais et entraînais en même temps, prolongeant mon métier d’enseignant, et s’est continuée à ma retraite sportive.
Au Club, j’ai eu la chance de côtoyer en tant que joueur, éducateur et dirigeant, une génération exceptionnelle de joueurs de pala avec les Laborde, Milhet, Etchart, Prat, Bonnet, Cellan, Cordobes, Lerchundi, Champres, Pétrissans et Ithurbide…
Ces dernières années, mes différents engagements et des problèmes familiaux m’ont empêché de m’engager dans le Club comme j’aurais aimé.
Sur la demande de Maître Abeberry, Président de la Fédération Française et Vice-président de la Fédération Internationale, j’ai aidé à la création et au développement, avec notamment Antonio Aramendia, de la Commission Juge-Arbitre à la FIPV. J’ai participé comme juge-arbitre international aux Championnats du monde de Vitoria-Gasteiz en 1986 et Cuba en 1990. J’ai participé à la Commission pendant 30 années…
J’avais aussi intégré depuis quelques années différentes commissions (juge, pala) à la FFPB et en 1996, j’ai été élu Secrétaire Général à la FFPB avec Dominique Boutineau comme Président. (Renouvellement du mandat en 2000). En 2004, j’ai été élu Président de la FFPB. Battu aux élections de 2008, je suis resté membre du Comité Directeur. Depuis 2012, je suis à nouveau Secrétaire Général de la FFPB.
3/ Roland Dufourg, un bâtisseur ? …
C’est un bien grand mot; disons que mon engagement dans la pelote s’est matérialisé aussi par la construction du trinquet familial à Bassussarry. Mes parents tenaient une pension de famille au village. Mon père exerçait en plus la profession de maçon. Le travail était très dur, harassant. Ce fut encore plus difficile pour ma mère après la mort subite de mon père (59 ans). Alors, un projet familial (avec ma mère, mes deux frères et mon épouse) a germé : reconvertir les salles de restauration et les chambres de la pension de famille en trinquet et de plus aménager un dépôt de presse, tout en gardant un espace habitation que j’occupe toujours depuis 69 ans ! Les travaux ont duré un an et demi. Je me suis beaucoup investi dans les travaux ainsi que mes frères, et j’ai pu mesurer à ce moment là les solides amitiés que je m’étais faites tant dans le monde du rugby que celui de la pelote : il y eut beaucoup d’aides de la part de fournisseurs, artisans, entrepreneurs, habiles bricoleurs, permettant la réussite du projet. Le trinquet fut inauguré en 1979. Rapidement, des locations ont été enregistrées et des tournois de pala ancha organisés. Aujourd’hui, le fond de commerce a été repris par Gérard Parmentier, ancien joueur de l’Aviron Bayonnais Football Club.
Au niveau fédéral, je me suis toujours intéressé aux équipements et je suivais le responsable de la commission, Michel Etchemendy, dans ses actions dès les années 80. Aujourd’hui encore, je reste membre de la Commission “Equipement” à la FFPB et je supplée son responsable, Alain Rollet, quand celui-ci est pris par ses activités professionnelles.
J’ai fait profiter de mon expérience les clubs qui faisaient appel à moi. Ainsi avec mon frère Gérard et quelques bénévoles (les frères Darrambide, Mikel Alchourroun,…), nous avons repeint entièrement en 2012, avec un plaisir plus que particulier, l’intérieur du trinquet “Louis Etcheto” de l’Aviron, intervenant aussi sur les problèmes d’éclairage. Par ailleurs, j’ai élaboré, toujours avec mon frère Gérard un système de raie amovible pour mur à gauche de 30 / 36 mètres au Centre National de Pelote à Cassin, fabriqué un panneau amovible pour protéger le premier filet en trinquet au Moderne à Bayonne et au BAC à Biarritz.
Je me suis essayé aussi à la fabrication de pala pour soutenir la classe promotionnelle du professeur d’EPS Pierre Lissonde au collège Albert Camus de la ZUP, à Bayonne.
4/ Les personnalités qui vous ont marqué ?
J’ai toujours eu la chance de rencontrer au bon moment des personnes qui ont marqué ma vie et orienté mon destin, que ce soit au rugby ou à la pelote. C’est compliqué de répondre à cette question car on ne peut citer toutes les personnes. Je me cantonnerai à mon club, l’Aviron Bayonnais.
Avant d’intégrer l’Aviron, au tout début de mon engagement dans le sport, la personnalité de l’abbé Arbeletche, vicaire enthousiaste du patronage à « la Kanboko Izarra » de Cambo-les-Bains, m’a marqué. …Avec le rugby, j’ai noué de solides amitiés avec Jean Iraçabal, Michel Bafcop, Jean Dupruilh, Raymond Hiraboure, Jean-Paul Champres à l’Aviron. Je me souviens aussi de l’entraîneur André Tastet, personnage atypique, qui entretenait des relations fortes avec les joueurs. Toujours au Club, section athlétisme, j’ai souvenir de Monsieur Larripa; à la pelote, je nommerais Louis Etcheto (“Chipitey”), Louis Pauzat (rugby et pelote) et Max Duguet.
Mon parcours est intimement lié à l’Aviron Bayonnais; j’ai eu l’honneur de recevoir en 1987 la médaille d’or du Club.
5/ Roland Dufourg et la pelote ?…
Je regrette de ne pas avoir connu le monde de la pelote plus tôt. Il y règne une ambiance particulière. J’apprécie beaucoup la Grande Semaine qui rassemble au bord des frontons des générations de pelotaris et de pelotazale (amateurs de pelote basque). J’ai beaucoup de plaisir à rencontrer et discuter avec les uns et les autres. J’éprouve une émotion particulière à observer la transmission entre anciens champions et leurs petits-enfants. Ce qui me surprend aussi, c’est de constater que des gens éloignés du Pays Basque où ont “vit la pelote”, sans liens avec elle, soient de véritables passionnés, attirés par le jeu, le défi.
Concernant l’évolution de ce sport, je voudrais exprimer une crainte : avec la disparition, que j’espère provisoire, du xare du calendrier international sur décision de la FIPV, je ne voudrais pas que d’autres disciplines soient touchées par la suite. Je regrette cette décision qui tend à l’uniformisation, car la richesse de la pelote c’est aussi sa diversité (comme en France avec les 22 disciplines différentes pratiquées).