5 questions à ” Fredo ” Teillery, pendant longtemps l’âme du trinquet Saint André et aujourd’hui dirigeant et entraîneur de main nue à l’Aviron Bayonnais Pelote basque
1/ Comment es-tu venu à la pelote basque ?
Je suis né le 2 mai 1955 à Bayonne et j’ai vécu toute ma jeunesse à Mendionde. C’est dans ce village que j’ai pris goût à la pelote, grâce à de grands joueurs du village tels que Henri et Loulou Dunat, Pierre Lissar, Raymond Mougica, Pierre Sallaberry, père de Xala, le champion d’Espagne.
J’ai pratiqué la pelote à main nue jusqu’en junior avec André Etchepare, sans avoir de titre mais c’est une discipline dans laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir, bien qu’elle soit difficile quand on a les mains fragiles.
Vite après, je me suis orienté vers la paleta gomme pleine avec les copains puis, petit à petit, j’ai commencé à faire divers tournois du Pays Basque intérieur.
2/ Et puis débute l’aventure du trinquet Saint André, fief de la main nue et de la pala ancha…
En 1985, je me suis installé à Bayonne, tout près du trinquet Saint André, un endroit mythique. Souvent, le soir, j’étais sur la cancha pour juger les rencontres du tournoi. Le 1er janvier 1989, j’en suis devenu le gérant. Avec mon épouse, Sophie, nous y sommes restés jusqu’en mai 2006.
Le jeudi, nous organisions les traditionnels « jeudis de Saint André ». Avec Michel Haramboure et André Ithurralde, nous avons pris énormément de plaisir à monter des parties avec des joueurs indépendants ou en leur associant des amateurs, notamment pour la coupe open qui connut un grand succès. Cette dernière permettait aux meilleurs amateurs de se confronter aux indépendants et pour certains, de franchir le cap. Malheureusement, cette compétition a disparu .
La paleta gomme était l’autre activité essentielle de ce trinquet. Le premier tournoi que j’y ai organisé a rassemblé plus de 140 équipes. C’était ma passion mais cela n’a été possible que grâce à la coopération de toute une équipe. Sophie me donnait un coup de main pour élaborer le calendrier et d’autres personnes m’ont accordé beaucoup de leur temps pour juger toutes ces rencontres. Je voudrais notamment citer le regretté Alfred Navarron, André Ithurralde, Marcel Darrigol, Michel Zamora et Peio Sallenave.
Je jouais dans ce tournoi avec Maurice Vasseur (Momo pour les intimes), joueur de petite taille, comme moi, mais bourré de talent. J’ai pris un plaisir énorme à jouer avec lui. Nous jouions également en location avec Alain Labourdique, une figure du trinquet Saint André, Pierre Garbayo, Alain Bec, Daniel Biscay. On ne se faisait pas de cadeaux entre nous et on avait plaisir à se chambrer.
3/ Le trinquet était aussi un haut lieu de convivialité…
Je garde un souvenir inoubliable du titre de champion d’Espagne par équipe de Xala en 2001. Ce jour-là, avec des amis du trinquet, nous avions organisé le déplacement à Anoeta et ce fut pour moi une journée mémorable. Quelques jours après son titre, Xala nous fit l’honneur de venir lancer le douro pour une partie des traditionnels « jeudi de Saint André ». Un peu plus tard, il m’a offert un de ses polos du championnat d’Espagne, que je garde précieusement.
Dans l’enceinte du trinquet Saint André, les travaux réalisés par la ville ont permis de faire du bar et de son patio un endroit agréable qui est bien vite devenu un endroit festif en particulier au moment des fêtes de Bayonne. Comment pourrais-je oublier la naissance de ma fille Maialen le jour de la tamborrada, où 150 musiciens rassemblés dans cette cour ont joué « Il est né le divin enfant » et m’ont fait fondre en larmes ?
A Saint André, mes amis Jean-Michel Gonzalez et Laurent Mazas m’ont fait l’honneur d’emmener le bouclier de Brennus au cours d’une soirée où étaient présents Jean-Louis Luneau, Francis Leta, Claude Bergeot ainsi que quelques habitués de ce lieu, dont Jean-Marc Duhalde, Marcel Larreguy…
4/ Fredo, le coeur Ciel et Blanc…
Quelque temps après avoir quitté le trinquet Saint André, le virus de la pelote ne m’ayant pas quitté, je me suis rendu sur les bords de la Nive assister à quelques parties et j’ai proposé mes services aux dirigeants du club de l’Aviron Bayonnais, alors présidé par René Cornu, tragiquement décédé. Je me suis de suite senti très à l’aise auprès de la nouvelle équipe dirigée par Alain Betbeder et Jean-Louis Fontan. Ils m’ont confié, en compagnie d’Ernest Landagaray et Jean-Pierre Etchebehere, la responsabilité de l’école de pelote à main nue. Je m’investis également, sous la houlette de Jean Lissar, dans l’organisation du tournoi de paleta gomme pleine, auquel 124 équipes participent cette année.
5/ Tu as rencontré beaucoup de personnes dans ton parcours; peux-tu nous parler de celles qui t’ont particulièrement marqué ?
Parmi les personnalités de la pelote qui m’ont marqué, je voudrais citer Manu Martiarena, Jean-Philippe Bideondo, Pampi Laduche et Beñat Inchauspe.
Dans le monde du rugby, il y a « Gonzo », que j’ai connu comme joueur de l’Aviron Bayonnais et qui est devenu international.
J’ai également eu la chance de côtoyer Bob Dwyer, alors entraîneur du Racing qui avait passé une soirée au trinquet avec son équipe, Jean-Marie Cadieu, ancien deuxième ligne du Stade Toulousain et de l’équipe de France, Pascal Légitimus lors de l’ouverture des fêtes de Bayonne en 1994…
Je voudrais également citer Robert Caillou et son grand ami, Germain Calbete, deux personnes pour qui j’ai toujours eu un profond respect.
Je voudrais terminer par une personne pour qui le trinquet Saint André était la deuxième maison : Chipitey, alias Louis Etcheto, homme d’une extrême gentillesse. Chaque jour, il venait regarder quelques points sur la cancha, nous saluer, boire un petit rosé et raconter de nombreuses anecdotes, des exploits et défis dont il était souvent le héros. Même à un âge avancé, il me taquinait sur le petit coin (xoko). Il se délectait à me dire : « En 30 points, contre moi, tu ne ferais qu’un point ! Et encore, parce que j’aurais fait faux au but ! » C’était un grand Monsieur, qui appréciait ce que l’on faisait pour la pelote.
Je voudrais remercier le club de Mendionde, la section pelote de la Nautique, ainsi que celle de l’Aviron Bayonnais, grâce auxquels, au cours de ces nombreuses années, j’ai pu prendre autant de plaisir dans cette discipline qu’est la pelote.
Milesker deneri eta atxik pilota !