Sébastien MONCADA 01/04/2016

5 questions à Sébastien Moncada, joueur et entraîneur de xare à l’ Aviron, plusieurs fois champion de France et d’Espagne , médaillé aux Mondiaux.

 

1/ Comment as-tu débuté la pelote ?

J’ai commencé la pelote à l’âge de 9/10 ans au fronton Chiquito de Cambo à Paris. La Mairie de Paris, en collaboration avec l’Education Nationale, avait mis en place « les ateliers bleus »  qui sont des activités culturelles , scientifiques ou sportives le soir après la classe. C’est comme cela que j’ai découvert la pelote et que j’y ai pris goût. La proximité du fronton de mon domicile a facilité ensuite ma pratique régulière.

 

 

2/ Pourquoi avoir choisi le xare ?

 

Le xare était la discipline proposée , elle avait pour but d’apprendre aux enfants à jouer obligatoirement des 2 mains ;seule la main nue possède ces spécificités, mais les Parisiens ont les mains plus fragiles que les Basques !

Il allie vitesse,souplesse,spectacle . A haut niveau, ce ne sont plus des joueurs mais des artistes qui font virevolter la pelote sur les 4 murs de la cancha. Cette discipline permet cette sensation particulière d’accompagner et lancer cette pelote de 80 grammes à une grande vitesse. Cela produit une adrénaline addictive.

L’objectif d’un jeune joueur est de participer au Championnat de France qui se déroule en grande partie sur la Côte Basque. C’est grâce à tous ces voyages que je suis tombé amoureux de ce sport et de la région . Nous nous déplacions souvent à 10 / 15 personnes, c’était une vraie identité de club et de sport de haut niveau qui était représentée à chaque voyage. J’ai pu découvrir ce qu’était le partage , la compétition , la rencontre de personnes que je fréquente encore 15 ans après. Il y avait de la joie dans les victoires, de la tristesse dans les défaites , ainsi va le sport !

 

Malheureusement, aujourd’hui, le xare a été sorti des Championnats du monde, et on ne sait pour combien de temps … Seul l’avenir et la détermination de la FFPB nous le dira. Ceci est un handicap pour attirer les jeunes dans cette discipline exigeante du fait de son « attraper/lancer » (coup de poignet ) et non frapper, et de l’obligation de maîtriser l’ambidextrie .

 

 

3/ De ces années passées sur les canchas, tu retiens de bons moments …

 

Dans mes meilleurs souvenirs, mes deux participations aux Championnats du monde avec la sélection espagnole, tiennent une place à part. En moins de 22 ans à Gualeguay en Argentine (2009), nous remportons le bronze . Nous remportons l’argent aux Championnats du monde seniors 2010 à Pau , médaille d’une importance cruciale car elle nous permet d’obtenir la première place au classement général des pays engagés.

 

Mais le meilleur souvenir reste mon premier voyage en poussin ou par « destin » je joue ma première

partie contre Julien Urxu qui est aujourd’hui mon partenaire depuis 5 ans au trinquet d’Arcangues. C’est à cet endroit que nous avons effectué le baptême de mon premier fils Diego, pour marquer ce moment qui a été sans doute le déclic de ma vie future .

 

Au niveau des titres il y en a 2 qui sont marquants. Le premier en tant que joueur et l’autre en tant qu’entraîneur .

Le premier survient en 2010 à Toulouse dans la catégorie juniors malgré un poignet cassé avec mon partenaire d’enfance Hugues Saint-Pierre avec lequel j’avais connu déjà 4 finales perdues …

Le second est survenu samedi 26 mars 2016 au trinquet d’ Urt où deux des joueurs que j’entraîne depuis maintenant 3 ans à l’Aviron Bayonnais Pelote Basque, ont « enfin » remporté le titre de Champion de France tant mérité. Nous nous entraînons les mercredi de 19h à 20h , ce qui fait tard pour un petit jeune et surtout ce succès met fin pour Andoni Castera, à une série de plusieurs finales perdues !

 

Si je devais retenir une partie, ce serait celle pour la médaille de bronze à Gualeguay contre une équipe accrocheuse de Cuba. Ce fut une partie très stressante car celui qui perd rentre bredouille à la maison. Le moment qui fait basculer la partie dans notre camp est un changement de pelote opportun, conseillé par l’entraîneur à un moment clé .

 

4/ Tu as fais d’autres belles rencontres dans le monde de la pelote …

 

Il y a une personne que je place au-dessus de tout le monde ; c’est celle qui m’a appris à jouer à la pelote, qui m’a permis d’arriver où j’en suis , qui m’a donné l’envie de transmettre, qui m’a guidé et continue à le faire : Didier Laduche de Paris ( cousin germain du grand Pampi)

Lors de mon passage à Toulouse (3 ans) j’ai rencontré une autre personne « en or » : Robert Rolfo est un homme qui a donné sa vie à la pelote et qui m’a permis de passer de supers années au Stade Toulousain

J’ai rencontré aussi par le passé Juanjo Arcelus qui m’a permis de participer à deux Mondiaux, mais l’aventure s’est mal terminée… Comme dit un petit jeune dans une musique : « recordar lo bueno y olvidar lo malo ».

Au niveau des joueurs , il y en a 3 qui m’ont fait adorer le xare. Le premier est le métronome Frédo Olazagasti que je n’ai jamais pu malheureusement observer dans un trinquet mais j’ai passé des heures à regarder les vidéos de ses parties.Le 2ème est le magicien de la spécialité, Mikel Funosas, qui pour moi est le meilleur arrière de l’histoire du xare. Le 3ème est Joxi Lopetegui, l’un des piliers de la sélection espagnole, qui a facilité mon intégration. Nous avons gagné le titre de Champion d’Espagne l’été dernier, championnat pour lequel il s’était engagé avec moi afin que je puisse être présélectionné pour la Coupe du Monde 2016… Mais par manque de pays engagés, la compétition de xare a été annulée !

 

 

5/ Pourquoi avoir choisi l’ Aviron ?

 

Cela fait maintenant 5 ans que je suis à l’Aviron ; je me considère comme le Cédric Heymans du xare du fait de mon arrivée en provenance du Stade Toulousain .

Je suis arrivé pour remplacer Guillaume Lebellec en partance pour Paris qui laissait donc son partenaire Guillaume Betbeder sans coéquipier. Nous avions comme mission de maintenir le club en 1ère serie , ce qui fut fait.

Par la suite je me suis installé définitivement dans la région. L’accueil que j’avais reçu des dirigeants de l’Aviron avait été chaleureux, ma compagne (Stéphanie Mellier) et mes belles-sœurs sont des fidèles du club depuis plus de 15 ans, tout ceci a facilité mon choix. Mais surtout, le fait qu’il y ait des créneaux disponibles pour s’entraîner et que l’on me confie la responsabilité de l’école de xare demeurée sans responsable, m’ont convaincu. Aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre en tant que coach (8 finales dont 6 victoires et 2 défaites ) et en tant que joueur avec récemment 2 demi- finales Nationale A.

J’espère continuer encore à jouer et transmettre aux jeunes joueurs bayonnais ma passion pour le xare tant que ma situation professionnelle et familiale me le permettra.